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Tuesday, March 11, 2014

Les élections Générales de 2014 au Québec, une évaluation des quelques promesses électorales

Au cours des trente dernières années, la performance de l’économie du Québec a été en dessous de celle de l’ensemble du Canada.  Le Québec a besoin d’encourager l’investissement privé et le commerce extérieur, d'assainir ses finances et de lutter contre le chômage. Les promesses économiques des candidats aux élections générales de 2014 répondent-elles à ces priorités?

Le 5 mars 2014, après dix-huit mois de gouvernement minoritaire, la première ministre du Québec, madame Pauline Marois, a annoncé la tenue d’élections générales le 7 avril.  À peine ces élections déclenchées, les trois principaux partis: le Parti québécois (PQ), le Parti libéral du Québec (PLQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ), ont commencé à s’affronter pour la majorité des 125 sièges au parlement à coup de promesses. 
Le PLQ promet accroître les investissements privés et créer en cinq ans 250 000 emplois en relançant le Plan Nord qui est un programme de développement économique des régions nordiques. La CAQ s’engage à redonner le pouvoir d’achat aux ménages en abolissant les taxes santé et scolaire, ce qui allègerait de près de 1 000 $ leurs charges fiscales. Quant au PQ, le gouvernement sortant, il mise sur sa prise de participation dans le projet d’exploration etd’exploitation de pétrole à L’Île-d’Anticosti.

Après avoir présenté et comparé la performance de l’économie du Québec à celle de moyenne canadienne, je présente ce qui devrait être la priorité du Québec et évalue très sommairement les promesses économiques des trois principaux partis. Mon analyse de la situation de l’économie du Québec et du Canada est un regard sur le taux de croissance du produit intérieur (PIB) et quelques-unes de ses composantes, le taux de chômage et le taux d’inflation.

La croissance économique
Le taux annuel moyen de croissance du PIB au Québec entre 1981 et 2012 a été de 1,97 % contre 2,44 % pour l’ensemble du Canada.  Comme on pourrait le voir dans le tableau ci-dessous, la corrélation entre le taux de croissance du PIB et ceux c des dépenses telles que la consommation des ménages, l’investissement des entreprises et les dépenses publiques sont aussi inférieures au Québec par rapport a la moyenne canadienne.

 Tableau: Taux moyen de croissance du PIB réel et de quelques-unes de ses composantes, et coefficient de corrélation,  Québec et Canada, 1981-2012, Source des données: Statistique Canada
Taux annuel moyen de croissance du PIB réel et de quelques-unes de ses composantes, et coefficient de corrélation,  Québec et Canada, 1981-2012, Source des données: Statistique Canada, données en dollars enchaînées (2007)

Au Québec et dans l’ensemble du Canada, ce sont les dépenses de consommation des ménages qui stimulent la croissance. La contribution de la consommation au taux moyen de croissance du PIB est de 1,33 % au Québec contre 1.41 % pour l’ensemble du pays. Sur la figure 1, ci-dessous, j’ai décomposé le taux moyen de croissance du PIB entre ses différentes composantes. 

Taux annuel moyen de croissance du PIB réel en termes de dépenses et contribution en pourcentage de ses composantes, Québec et Canada, 1981-2012, source des données : Statistique Canada
Figure 1: Taux annuel moyen de croissance du PIB réel en termes de dépenses et contribution en pourcentage de ses composantes, Québec et Canada, 1981-2012, source des données : Statistique Canada
La consommation des ménages est une composante importante et croissante du PIB au Québec et au Canada. Le Québec tout comme le reste du pays consomme plus de la moitié de sa production.


Figure 2: Part de la consommation des ménages, des dépenses d'investissement des entreprises, des dépenses publiques et autres dépenses dans le PIB réel, 1981-2012, source des données: Statistique Canada
Figure 2: Part de la consommation des ménages, des dépenses d'investissement des entreprises, des dépenses publiques et autres dépenses dans le PIB réel, 1981-2012, source des données: Statistique Canada
La figure 2 ci-dessus montre que les parts de la consommation des ménages et des dépenses publiques sont plus importantes au Québec due dans l’ensemble du pays. Par contre, quant aux dépenses d’investissement des entreprises, leurs parts dans le PIB sont plus grandes pour l’ensemble du pays qu’au Québec.

Le taux de chômage

Le taux de chômage, c.-à-d.,  proportion de la population apte et en quête d’un principal emploi, est plus élevé au Québec que dans l’ensemble du pays.  Comme on pourrait le voir sur la figure 2 ci-dessous, l’écart entre le taux de chômage au Québec et dans l’ensemble du Canada va en diminuant.  En mai et août 1982, cet écart était au maximum de 3.6 %. Au mois de février 2014, cet écart est réduit à 0,8 %. 
Figure 3: Taux de chômage, Québec et Canada, 1981:M1-2014:M2, source des données: Statistique Canada
Figure 3: Taux de chômage, Québec et Canada, 1981:M1-2014:M2, source des données: Statistique Canada
Le Taux d’inflation
L’inde des prix à la consommation (IPC) de tous les biens et services, c.-¸à-d., leurs prix courants par rapport à l’année de référence 2002, au Québec tend à être légèrement en dessous de la moyenne canadienne. La partie supérieure de la figure 4, ci-dessous représente l’IPC mensuel et la partie inférieure de cette figure représente le taux d’inflation annuel qui lui est l’écart en pourcentage entre deux IPC annuels successifs.


Figure 4: Indice des prix à la consommation mensuel (1981:M1-2014:M1) et taux d'inflation annuel (1981-2013), Québec et Canada, source des données: Statistique Canada
Figure 4: Indice des prix à la consommation mensuel (1981:M1-2014:M1) et taux d'inflation annuel (1981-2013), Québec et Canada, source des données: Statistique Canada
En 1993, le taux d’inflation au Québec était plus bas de 1,52% que la moyenne nationale mais cet écart s’est réduit avec le temps.

Quelles devraient être les priorités du prochain gouvernement du Québec?
  • Encourager l’investissement privé – Comme il apparaît dans la partie 2 de la figure 2, la part des investissements privés dans le PIB du Québec a toujours été inférieure par rapport à l’ensemble du pays. Cette part moyenne est de 14 % au Québec contre 17 % pour l’ensemble du pays.
  • Assainir les finances publiques – La partie 3 de la figure 2 montre que la part des dépenses publiques (consommation et investissement de l’administration publique) dans le PIB du Québec a toujours été plus élevée, en moyenne 29 % au Québec contre 26 % pour le Canada.
  • Encourager le commerce extérieur – Les exportations nettes, c.-à-d., la différence entre les exportations et les importations,  figurent dans les autres dépenses de la partie 4 de la figure 2.
  • Lutter contre le chômage – Le Québec fait partie des provinces où le taux de chômageest élevé au pays.
Une évaluation sommaire des promesses économiques des principaux partis
Le PLQ veut relancer l’investissement privé et créer des emplois à travers le Plan Nord. Cette promesse répond à trois des priorités ci-dessus  mais ne s’attaque pas à la question de l’assainissement des finances publiques.
La CAQ souhaite redonner du pouvoir d’achat aux ménages en abolissant les taxes santé et scolaire. Elle souhaite également assainir les finances publiques   en gelant le nombre des employés de la fonction publique. Redonner du pouvoir d’achat aux ménages va stimuler la croissance. On voit bien dans le tableau ci-dessus qu’il y a une corrélation de 0,81 entre l’accroissement de la consommation des ménages et la croissance du PIB au Québec. Mais la CAQ peut-elle tenir cette promesse? Le PQ a déjà fait en vain la promesse d’abolition de la taxe santé en 2012. La CAQ prend à cœur la priorité de l’assainissement des finances publiques mais ne dit pas encore davantage sur la lutte contre le chômage et la relance des investissements privés.

Le PQ veut aller de l’avant avec son projet d’exploration et éventuellement d’exploitation de pétrole à L’Île-d’Anticosti. Ce projet s’il se concrétise va créer des emplois et générer des revenus au gouvernement. Pour l’instant personne ne peut dire avec exactitude s’il y a du pétrole à L’Île-d’Anticosti et, pour des raisons écologiques, ce n’est pas tout le monde qui adhère à ce projet. De plus, avec son discours souverainiste, le PQ doit davantage prouver que le Québec peut mieux faire économiquement tout seul qu'en étant dans le Canada. 

Monday, January 27, 2014

Jeux Olympiques et Économie

Du 7 au 23 février 2014, Sotchi, une station balnéaire au Sud de la Russie, accueille les 22e  Jeux olympiques (JO) d’hiver. Les JO sont scindés en deux évènements distincts : les JO d’hiver et d’été. Les JO d’hiver ont commencé en 1924. On retrouve à leur programme des sports pratiques sur la glace ou sur la neige y compris le curling, le hockey sur glace, le snowboard et le patinage de vitesse. En ce qui concerne les JO d’été, ils ont commencé en 1896. Leur programme comprend divers autres disciplines telles que : l’athlétisme, le baseball, le basketball, le cyclisme, la natation, et le tennis. 

Les JO d’hiver et d’été ont lieu tour à tour tous les deux ans. Le dernier JO a eu lieu à Londres, Royaume-Uni l’été 2012. Le Canada a accueilli le trois JO : premièrement en été 1976 à Montréal, Québec, ensuite en hiver 1988 à Calgary, Alberta et dernièrement en hiver 2010 à Vancouver, Colombie Britannique. Les États-Unis, plus qu’aucun autre pays, ont accueilli huit fois les JO. Depuis 1988, les JO sont immédiatement suivis des jeux paralympiques qui sont des jeux destinés aux athlètes ayant des handicaps physiques ou intellectuels.

 En plus d’être des évènements sportifs, les JO sont également des évènements économiques. Pour accueillir des JO, les gouvernements et les municipalités investissent dans les infrastructures, ce que les économistes appellent dépenses publiques. L’investissement dans les infrastructures consiste en la construction de stades pour tenir les jeux, de villages olympiques pour héberger les athlètes participants, et l’extension et l’amélioration du transport public afin de rapidement  déplacer les spectateurs venant du monde entier vers les sites des JO… 

Dans le secteur privé, les entrepreneurs découvrent de nouvelles opportunités d’affaires, ce que nous appelons innovations. Une innovation qui vaut la peine d’être mentionnée est le service bateau sur le canal fourni durant les JO de Londres par la compagnie Water Chariot. Ce service était une alternative aux routes congestionnées de Londres pour se rendre au parc olympique Reine Elizabeth. Les JO sont aussi une occasion pour les entrepreneurs de faire du profit en concevant et commercialisant des produits dérivés tels que des vêtements, des épinglettes, des jouets et autres articles souvenirs différenciés avec les logos et mascottes des JO et les emblèmes des nations participantes. 
Pour gonfler leurs audiences et leurs recettes publicitaires, les réseaux de nouvelles font concurrence en vue de l’obtention de droit exclusive de diffusion dans leurs régions,; ce nous appelons jeu d’enchères.

Le coût des JO est principalement financé par les sponsors, les enchères des droits de rediffusion, et les fonds publics. En ce qui concerne le financement public, pour accueillir les JO de Londres de 2012, le gouvernement britannique a investi à peu près  5,3 milliards £ (à peu près 8,24 milliards $US) dans la construction du parc olympique Reine Elizabeth et des infrastructures. La contribution des contribuables canadiens à la construction et à la rénovation des sites des JO d’hiver de Vancouver de 2010 était estimée à 603 millions $. Le stade national de Pékin (aussi connu sous le nom de nid d’oiseau) construit pour accueillir les JO d’été de Pékin de 2008 a coûté 428 millions $US. L’État de Pékin détient 58 pourcent de cet actif.

L’objet de l’Économie étant comment allouer des ressources rares pour satisfaire des besoins illimités, des questions qui viennent à l’esprit sont pourquoi les gouvernements devraient investir autant dans un évènement qui ne dure que deux semaines, pourquoi ne pas affecter cet argent à d’autres causes telles que la lutte contre la pauvreté ou la construction d’écoles et d’hôpitaux.

Toutes ces préoccupations peuvent être bien fondées à la lumière de l’expérience de la Grèce. En 2004, pour la deuxième fois, les JO modernes retournaient à Athènes en Grèce, leur bercail – les JO antiques avaient lieu tous les quatre ans dans la ville d’Olympie dans la Grèce antique et les premiers JO modernes ont été organisés à Athènes en 1896. Les Jeux ont enregistrés une perte de près de 14 milliards $US. Plusieurs des sites construits pour les jeux ont été fermés après l’évènement et sont devenus ce que les gens appellent les ruines modernes de la Grèce.  Le gouvernement grec a ensuite sombré dans une crise d’endettement.  
Comme autre exemple, on peut voir le contraste entre la pauvreté dans les favelas de Rio de Janeiro au Brésil et les moyens financiers que le pays mobilise pour accueillir les JO d’été de 2016.

Mettant de côté ces deux exemples, les JO ont eu des impacts positifs sur les économies nationales. Ils font la promotion des villes qui les accueillent et attirent les touristes, ce qui est bénéfique aux entreprises locales telles que : les hôtels, les restaurants, et les boutiques de cadeaux. Ils créent des emplois dans divers industries y compris la construction et les industries connexes et le transport. Les JO attirent les investisseurs étrangers et favorisent le commerce avec le reste du monde. En plus, les parcs olympiques sont des patrimoines dont plusieurs économies locales continuent de bénéficier. Ils accueillent des activités génératrices de revenus telles que des spectacles et des compétitions. Ils servent aussi de centre d’entraînement à des clubs de sports locaux.


Selon les estimations de la firme de consultation, PricewaterhouseCooper, les JO d’hiver organisés à Vancouver ont créé 45 000 emplois et ont contribué pour 2,5 milliards $ au produit intérieur brut de la province de Colombie Britannique. Selon le gouvernement britannique, les JO de Londres ont donné lieu à plusieurs transactions qui auraient haussé le commerce et les investissements étrangers dans le pays de 9,9 milliards £ (près de 13,68 milliards $US).